Notes sur l’Herbier de Lamarck
par Monsieur G.G. Aymonin, Laboratoire de Phanérogamie, Muséum National
d’Histoire Naturelle, Paris, 2004.
Malgré diverses vicissitudes, cette collection regroupe encore quelque vingt
mille spécimens, généralement très bien conservés, montés à la fin du 19ème
siècle et au début du 20ème. Les liasses occupent quatre-vingt seize cases. Bien
que les étiquettes soient souvent petites, elles portent généralement de bonnes
informations, permettant divers types d'exploitation. En particulier, par
comparaisons avec les textes de la Botanique de l’Encyclopédie méthodique, de
nombreuses recherches de typification sont toujours poursuivies, tant pour les
descriptions faites par Lamarck, que pour celles de Poiret, Desrousseaux, etc.
Beaucoup reste cependant à faire dans ce domaine, d'autant que l'étude des
protologues incite à croiser les données avec d'autres herbiers, ceux des
Jussieu, de Tournefort, de Vaillant et parfois d'Adanson, tous de consultation
fréquente.
Éventail taxinomique
Bien représentatif pour les végétaux vasculaires, l’herbier contient également
des séries de Cryptogames, plus irrégulières. Parmi les quelque deux cents
familles de Spermatophytes (dans leur acception classique), à côté de spécimens
de très petites familles (Bruniaceae, Lacis-stemataceae), le spectre générique
de familles plus vastes est assez équilibré (Asteraceae, Leguminosae, Poaceae,
etc.) mais on note toutefois que des familles dont la diversification est
actuellement reconnue comme majeure, n'occupent qu'une place assez
restreinte (Rubiaceae, Orchidaceae, par exemple).
Systématique et floristique françaises
Il convient de ne pas oublier que Lamarck publia sa Flore françoise en
1778/1779, ouvrage en langue française, majeur car il institutionalise en
quelque sorte l'emploi des clés dichotomiques d'identification. Malheureusement,
cette partie de la collection semble aujourd'hui très incomplète : il n'existe
que de rares spécimens notés "de la flore françoise" ou "de mon herbier des
environs de Paris". Malgré cela, quelques types ont été repérés : Pulsatille
rouge d’Auvergne, Violette de Rouen, Borago pigmaea, etc. Au plan floristique,
des éléments originaux importants sont à mentionner : anciennes récoltes de
l’Halimium alyssoides, première récolte de l’Aldrovanda en France, Aster
pyrenaeus, ou encore le rarissime Halimione pedunculata dont ce spécimen
(récolté par Poiret) et celui de Michel Adanson restèrent ignorés
près de deux siècles.
Les dates sont malheureusement très rares sur les étiquettes ; le voyage en
Auvergne de 1779 n'en comporte pas et cette lacune rend délicate l'attribution à
Lamarck de récoltes effectuées dans les Alpes, en Provence ou en région mancelle
où l'on sait que le savant se rendit lorsqu'il était militaire. Il en est de
même des spécimens pouvant correspondre aux enseignements dispensés sur le
terrain. L’herbier renferme aussi d'assez nombreux envois de botanistes dont les
travaux sont réputés : Villars, Thore, Desportes, Pourret etc.
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